La question étant de savoir si "le gouvernement" parviendra à inverser la courbe, ma réponse est ambiguë : Non mais elle s'inversera probablement quand-même.
En fait, le gouvernement n'a pas la main sur l'évolution du chômage en dehors des contrats aidés.
Depuis l'établissement, la signature et la ratification du TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance), nous sommes contraints à une politique d'austérité à laquelle nous ne pouvons pas déroger. Le gouvernement n'est plus maître du budget, c'est le traité qui défini le cadre budgétaire et la Commission qui a le rôle ingrat d'en vérifier l'application stricte.
Ceci est un choix du Conseil de l'Europe pris fin 2011 et entériné par la signature des pays européens en mars 2012 et enfin ratifié le 22 octobre 2012, il y a juste un an.
Ainsi si la situation se dégrade ou s'améliore, ce ne sera plus vraiment conséquence des décisions du gouvernement mais de celles prises en 2011 et écrites dans le marbre d'un traité européen.
Il y a de grandes chances que d'ici la fin de la législature la courbe du chômage s'inverse puisqu'on ne l'a jamais vue évoluer sans inversion sur une période de 5 ans (et même de plus de 6 ans puisqu'elle monte depuis avril 2011).
Mais prétendre que ce soit le gouvernement qui aura réussi (ou échoué) à inverser la courbe est un non-sens dans un cadre où le gouvernement n'a plus la maîtrise du cadre budgétaire.
L'évolution en cours et à venir ne dépend que du bien-fondé ou non du cadre fixé dans le TSCG pour la sortie de crise, cadre dont le gouvernement actuel n'a pas participé à l'élaboration.
Donc aucun effet de l'action gouvernementale sur le chômage... Sauf... si Hollande parvient à convaincre l'ensemble de ses partenaires de l'idée de la nécessité d'une politique de relance européenne : Aux nations l'austérité, à l'Europe la relance.
Presque tous les chefs d'états et de gouvernements sont en phase avec cette idée et Hollande est le chef de file de ce mouvement.
A chaque sommet européen, il remet ce sujet sur le tapis pour appeler à une véritable politique économique européenne pour que l'austérité nécessaire pour les états ne soit pas synonyme de dégradation des économies et contre-productive pour atteindre le but recherché.
Reste à convaincre notamment l'Allemagne...
S'il y parvient, on pourra dire que l'action du chef de l'état (et non du gouvernement) aura un réel effet sur l'évolution du chômage. D'ici là... non.
En attendant, même hors de l'erreur de l'opérateur téléphonique, la courbe s'est infléchie depuis quelques mois, le bug d'août même une fois corrigé marque une légère baisse du chômage pour la première fois depuis mars 2011, et il y a fort à parier que les prochains chiffres seront optimistes... grâce aux contrats de génération ou aux contrats d'avenir... mais une fois leur mise en place terminée, l'effet sur la courbe s'estompera et elle reprendra son évolution "naturelle".
Conclusion : Le seul levier pour que l'action politique influe sur le chômage est au niveau européen par le renégociation du TSCG pour permettre une politique de relance européenne.
La France a pris le leadership de cette proposition qui remporte une quasi-unanimité... mais il faut une unanimité complète.
En dehors de ça, le budget (qui est le véritable nerf de la guerre) est gravé dans le marbre d'un traité négocié avant ce gouvernement et on ne peut pas le rendre responsable ni de la réussite ni de l'échec d'un renversement de la courbe du chômage.