49.3 mumbaiker
2008-10-27 11:04:15 UTC
Je suis professeur de physique-chimie dans un lycée de Dijon. Avec mon collègue prof de maths, nous vous adressons cette lettre ouverte sur la crise actuelle. Malgré notre bac+5 et notre expérience, notre salaire mensuel net ne dépasse pas les 2200 euros. C'est vrai que nous avons choisi l'éducation nationale parce que à l'époque, nous n'aurions pas trouvé de travail dans le privé. Mais là n'est pas la question.
Nous subissons au quotidien : les agressions des élèves, celles de leurs parents, les horaires décalés, les réunions tard le soir, la pression de la hiérarchie, les programmes qui changent tous les ans, les vacances gâchées à cause du stress de la rentrée et la pression quotidienne de la course au rendement. Beaucoup de nos collègues craquent et son obligés de se mettre en dépression pour faire le pont entre deux périodes de congés scolaires.
Notre seul moment de bonheur dans ce dur métier, c'était lorsque nous recevions deux fois par an en salle des profs le dernier catalogue de la Camif. Mais la crise bancaire vient d'avoir raison de cette noble institution fondée sous Napoléon 3 ou Raymond Barre 1, je ne sais plus. Comment le corps enseignant pourra survivre sans la Camif ? Comment allons-nous commander nos sachets de thé vert commerce équitable ? Où allons-nous passer des commandes groupées de composteurs ? Où allons-nous trouver des meubles plus chers et moins bien foutus que chez Ikéa ?
C'est pourquoi, au nom de toute la salle des profs du lycée David Douillet de Dijon, nous vous demandons de prendre par décret les mesures suivantes :
-nationalisation immédiate de la Camif par l'injection de 10 milliards d'euros (vous avez bien filé 90 milliards aux banques...)
-obliger la caisse d'épargne à accorder une autorisation de découvert de 10 000 euros sur le compte bancaire de la Camif
-versement d'une prime d'assiduité à tous les enseignants n'ayant pas eu plus de 65 jours d'arrêts de travail dans l'année. Cette prime sera versée sous la forme d'un bon d'achat de 4200 euros valable uniquement à la Camif.
-fermeture administrative des sites internet Amazon, la Redoute, les 3 Suisses et la Fnac, pour concurrence déloyale.
-donner le statut de fonctionnaire de l'éducation nationale à tous les employés de la Camif
Si vous refusez de prendre ces mesures, mon collègue et moi-même remettrons notre démission (sous la forme d'une lettre anonyme) au rectorat de Dijon.
Dans cette attente, nous vous prions de croire, cher Président, en l'assurance de notre considération distinguée."